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Photo du rédacteurZoé et Gaia

Histoire de Ludovico


***


Il était une fois Ludovico.


Ludovico était un enfant heureux et gentil qui vivait dans un petit village au bord de la mer, il aimait le soleil, le parfum de l’herbe fraîchement coupée et, quand il le pouvait, il passait son temps sur les quais, où les pêcheurs et les mouettes se chamaillaient sur les bateaux.


Il y avait un petit vieux centenaire là-bas, sur la jetée, qui passait ses journées à raccommoder les filets de pêche. Avec beaucoup de soin et de patience, il les travaillait comme des bijoux. Ludovico s’asseyait près de lui, et passait des heures à l’écouter. Le petit vieux, entouré de ses chats, cousait les filets de pêche et chantait des histoires de marins.


Un jour, Ludovico lui demanda : « Pourquoi tu chantes toujours, pendant que tu travailles ? ».

Le vieux lui répondit : « N’entends-tu pas ? Les filets de pêche jouent… et, moi, je chante ! »

« Comment ça ? Ils jouent ? » demanda Ludovico, surpris.

« Ils jouent de la musique lorsqu’ils sont traversés par le vent ».

« Mais je n’entends rien, moi ! » dit Ludovico.

« On voit bien que tu es un peu sourd ! » répliqua le vieux.

Mais cela, Ludovico n’était pas prêt à l’accepter. Il commença alors à prêter attention. Il se concentra tellement qu’il arriva à entendre le souffle de sa respiration et les battements de son cœur et c’est ainsi qu’il s’aperçut que :

La mer jouait du piano, qu’elle soit calme ou en tempête.

Le parfum des jasmins jouait des violons.

Les filets des pêcheurs dans le vent jouaient des flûtes traversières.

La pluie faisait tinter des clochettes.

Les citronniers jouaient de la trompette.


Ludovico était un enfant très spécial. Il ignorait les disputes des adultes mais il écoutait le son de l’herbe qui pousse.



Il n’entendait pas le bruit des voitures dans la rue, mais il écoutait la voix de la mer dans les coquillages.


Il marchait dans le village les yeux fermés, comme s’il était à un concert de musique classique.


Les gens le regardaient, ils le heurtaient exprès, ils lui criaient dessus, ils se moquaient de lui, mais, lui, il ne s’en souciait pas, parce qu’il avait mieux à écouter. Tout le monde disait qu’il était sourd et même un peu fou, mais en réalité Ludovico était capable d’entendre des choses que personne ne voulait écouter.


Lorsqu’il devint adulte, Ludovico voyagea dans le monde entier pour écouter tous les sons possibles et imaginables. À chaque fois qu’il rentrait chez lui, dans son petit village au bord de la mer, il allait voir le petit vieux centenaire et il le trouvait toujours à raccommoder les filets de pêche, entouré de ses chats, en chantant des histoires de marins.






Et à chaque fois Ludovico lui disait :

« Tu avais vraiment raison ! ».

***Dédiée à Ezio Bosso

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